Aider un enfant en Charente-Maritime

Comment avez-vous connu Parrainage 17 ?

“Via l’association France Bénévolat.”

Comment vous est venue l’idée du parrainage ?

“C’est une vieille idée commune, un projet de longue date, que nous avions envie de réaliser un jour, mais avec les activités professionnelles importantes jusqu’ici, c’était assez peu compatible. Depuis, notre installation dans la région, nous avons plus de temps libre.”

Peut-être une envie de transmettre, d’aider un enfant en Charente-Maritime ?

“Dans notre vision des choses, nous sommes des nantis, on considère que nos enfants et petits-enfants le sont aussi. Et en tant que personne possédant des ressources, sur tous les plans, il était logique de les partager.”

Vous parlez de vos enfants et petits-enfants, ont-ils été informés de votre projet de parrainage ?

“Pas tous, nous ne sommes pas dans la démarche de le cacher ou d’en faire la promotion, nous n’avons juste pas eu l’occasion. Cependant, nous aurons bientôt nos petits-enfants et nous avons l’intention d’inviter Malo, s’il le souhaite.”

Ça promet d’être un chouette moment. Quant à la procédure de Parrainage, vous a-t-elle paru longue ?

“Le délai entre le début de la procédure et l’accueil de Malo nous a paru normal. Un process rapide aurait été louche. Quand nous avons pris contact avec l’association, une des premières choses que nous avons regardé, c’est la procédure, c’était un point important, gage de sérieux. Nous l’avons trouvé logique et plutôt bien organisée.”

Comment avez-vous vécu les entretiens avec la psychologue / la visite à domicile ? Était-ce intrusif ?

“Bien. Cela ne nous a pas dérangé. Quant à la visite à domicile, nous la trouvons tout à fait normal, on confie quand même un enfant. Pour nous, c’était sérieux et normal, si cette procédure avait été absente, là nous aurions trouvé ça bizarre. À partir du moment où nous avons vu la procédure, que les personnes qui l’animent sont du métier, qu’il y a un échange avec un psy, c’étaient des éléments rassurants.”

La rencontre parents-parrains/marraines était-elle utile et pertinente ?

“C’était intéressant, ça donne un regard sur les personnes qui accueillent les enfants. Nous trouvons même que c’est indispensable.”

Comment s’est passé la première rencontre avec la maman, puis Malo ?

“La maman était très transparente sur la relation fusionnelle qu’elle avait avec son fils, mais l’intelligence avec laquelle elle faisait cette démarche nous a séduite. En effet, le parrainage allait à l’encontre de son envie viscérale, mais elle le faisait pour l’enrichissement et l’ouverture de son enfant.

Quant à Malo, il était contre l’idée et a longtemps été hésitant. Tout a basculé quand il est venu chez nous. Il craignait sans doute de trouver des vieux avec des cannes, ou des choses comme ça, c’était drôle. Puis, il avait une crainte du fait de la confusion entre parrainage et famille d’accueil qu’il a connu dans son passé. Il fallait qu’il nous rencontre dans notre lieu de vie pour comprendre que c’était complétement différent. La première heure, il était très stressé, ça s’est vite estompé.

De notre côté, une question s’est posée : comment le décalage social et culturel allait se gérer entre le milieu d’origine de notre filleul et nous. C’était également une crainte du côté de la maman. Heureusement, les accompagnantes étaient là pour la rassurer, aujourd’hui ce n’est plus un sujet et Malo vient avec plaisir.”

Quel est le rythme des rencontres ?

“Nous nous sommes calés une fois tous les 15 jours, en journée. Pour l’instant, nous sentons que l’hébergement est hésitant, c’est pour cette raison que nous y allons de manière progressive en allongeant un peu les journées. Nous le laissons avancer à son rythme. Par exemple, nous donnons généralement un horaire de fin de journée à la maman, le premier jour, nous l’avons respecté comme la SNCF, le deuxième à peu près pareil et puis la dernière fois, nous avons laissé filer le temps pour voir ce qu’il se passait et il a largement laissé passer l’horaire.”

Quelles sont les activités que vous faites avec Malo ? Que se passe-t-il lorsqu’il vient ?

“Sur ce point, nous sommes assez clair et c’est aussi la politique que nous avons adopté avec nos propres petits enfants. Nous ne souhaitons pas tomber dans une sorte de consumérisme, sous prétexte qu’il y a une visite, nous devrions faire un planning d’activités. Nous avons pris le parti de ne rien prévoir de spécial lorsque Malo est là. Cela étant, nous ne faisons pas “rien”, nous savons qu’il adore les jeux de société et sa maman un peu moins alors on joue, on lui apprend des jeux de cartes. Il aime bien manger, il est gourmand donc il donne un coup de main lors de la préparation des repas. Finalement, des choses du quotidien comme on pourrait le faire avec nos petits-enfants.

Puis, nous avons la chance d’habiter non loin d’un port où se déroule toujours de nombreuses activités. Lors d’une balade, il y avait un musicien avec un synthétiseur, il faut savoir que Malo en possède un petit dans sa chambre, il était scotché devant le spectacle. Un peu plus loin, il nous a dit « Est-ce que tu crois que je pourrais demander si je peux jouer du synthé ? », nous l’avons incité à réitérer sa demande auprès du musicien, et il s’est retrouvé à jouer devant un public qui était en train de l’applaudir.

Il y a un lieu assez atypique qui vient d’ouvrir près de chez nous, c’est un collectionneur de flippers qui a créé un restaurant. Malo, avait une représentation du flipper, mais n’en avait jamais touché, il était extrêmement content, c’est cool pour un gamin de 11 ans.

Donc nous ne faisons rien de spécial, mais en même temps, il se passe des choses. Au niveau des activités, chacun fait comme il veut, mais nous ne sommes pas à la recherche d’une activité particulière lors de sa visite. A notre avis, c’est une erreur de le faire. Cela étant, s’il y a une opportunité de faire quelque chose d’un peu exceptionnel, on la saisit.”

Oui, certains parrains/marraines craignent d’être dans une démarche de consommation et qu’il faille offrir des choses à l’enfant qu’il n’a pas chez lui, alors que pas du tout. On partage des choses simples de la vie et du quotidien, comme faire un gâteau ou encore une balade. Et il vous appelle comment ?

“Pour l’instant, c’est Pierre et Sylvie, nous n’accordons pas d’importance à ça, il choisira quand il voudra. En revanche, lors des premiers jours, nous lui avons demandé comment il souhaitait être présenté, cette question le travaillait, mais lui a permis de bien intégrer la notion de parrain/marraine.”

Et comment se passe la relation avec la maman ?

“Elle n’intervient pas, mais nous lui envoyons des photos de temps à autre. Nous trouvons qu’elle est dans une posture remarquable, elle est claire, transparente sur ses problèmes et son histoire et c’est agréable. Nous sommes dans la phase où l’on instaure une relation de confiance.

Quant à la relation avec Malo, nous ne nous projetons pas, on prend ce qu’il y a à prendre. La situation de cet enfant avec sa maman est un facteur plus important que notre propre posture. Nous, nous sommes là dans l’intérêt de l’enfant, donc s’il souhaite arrêter un jour, nous lui aurons apporté ce que nous aurons pu. Nous sommes des personnes ressources pour nos enfants, pourquoi ne le serait-on pas pour lui ?”

Prenez vous part à l’éducation de Malo ?

“Au niveau scolaire, non. Il y a déjà beaucoup d’intervenants à ce niveau-là, sauf si c’est une demande de sa part. Sur l’autre aspect éducatif, pour des raisons de vivre ensemble, de nos valeurs sociales, ça nous arrive de le reprendre, il accepte, il s’adapte, souvent, il s’excuse. Parfois, nos propres petits-enfants nous envoient promener, mais lui, il met en pratique. Du fait de notre position face à lui, il a du respect.”

Comment pouvez-vous décrire Malo ?

“C’est un gamin qui est bien dans sa peau, qui est plutôt extraverti, curieux et attentif. Quant à ses défauts, il est assez partisan du moindre effort, mais ça changera avec le temps. Épicurien, sociable, jovial, il a le contact facile avec les autres, c’est un bon atout pour lui. Il a du potentiel, il a soif d’apprendre. Nous avons des discussions intéressantes pour un enfant de son âge.”

Comment avez-vous trouvé la position de l’association dans la mise en place du parrainage ? Trop encadrante, pas assez ?

« Juste bien. Une fois le parrainage lancé, nous avons tendance à oublier l’association, ce que nous trouvons plutôt bien, l’association s’efface entre guillemets au profit de la relation. »